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Dans une petite pièce, en bas de l’escalier, une forme ambiguë vous attend : ses dimensions, son socle, les matériaux qui la composent pourraient en faire aussi bien une sculpture qu’une maquette, un dessin qu’un volume. Point de vue semble figurer une architecture existante ; une architecture dont la qualité plastique serait telle, toutefois, qu’elle serait une forme en soi, une sculpture – si ce n’est une fente, meurtrière horizontale, qui vous renvoie à un regard : maquette, sculpture ou dessin, la forme est un point d’observation, le point de départ d’un regard et donc la construction d’un point de vue, d’un paysage, d’une image –
De face, quand vous entrez dans l’espace que ce palier introduit, vous découvrez ensuite, une façade ----- puis, une autre, entr’aperçue par les ouvertures (fenêtres, portes) de la première ----- puis une troisième. Elles sont minces, installées frontalement, dans une matière que vous reconnaissez peut-être, identique à celle de meubles bon marché que vous avez sans doute montés un jour. Intitulées Japanese Model, elles ressemblent à des maisons japonaises ; elles ressemblent du moins à des façades de maisons japonaises ; elles y ressemblent – mais l’effort de mimésis s’est suspendu à l’échelle, invraisemblable et troublante : adulte, vous êtes beaucoup trop grand, enfant, vous êtes trop petit. Vous ne pouvez y être qu’intrus, regard dont le corps ne sait où se mettre, incapable de se glisser dans cette image au format inadéquat –
Les contournant, vous apercevez un peu plus loin six maquettes d’un blanc-gris, dont les dimensions reconnaissables vous semblent presque rassurantes. Presque. Car, les dominant, les observant, les étudiant à loisir, vous constatez qu’elles ont été brisées. A plusieurs reprises. En plusieurs endroits. Les éclats sont parfois importants, laissant des toits béer sur le vide ; révélant leur mode de fabrication, ainsi mis à nu. Là encore donc, le jeu de la mimésis se défait – ou plutôt est défait par l’artiste, Jonathan Loppin, comme un échec qu’il lui imposerait. Vous êtes face à une image, une illusion, une représentation ; une série d’écrans sur lesquels l’histoire vient se projeter ---- l’histoire d’une défaite dont vous ne savez plus bien qui en est le vainqueur.
Alignées au-dessus de German Model, d’autres images évoquent d’autres surfaces : vues aériennes du désert de l’Utah, quadrillé pour des tests de bombes chimiques, sans horizons. Votre regard erre peut-être, car à la surface de cette surface double (celle de l’image, celle du paysage) rien ne semble faire relief, sinon peut-être une allusion – ironique ? – à l’abstraction américaine, qui, quelques années plus tard, bouleversera les valeurs du monde de l’art, faisant basculer les maîtres de l’Europe aux Etats-Unis…
Revenant sur vos pas, vous croisez la forme énigmatique, transparente et à jamais aveugle, du bunker d’observation – point de vue – |
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